ELSA BESKOW

Elsa Beskow (1874-1953), grand auteur classique de la littérature suédoise pour enfants, a publié une quarantaine d’ouvrages entre 1897 et 1952. En dehors de la Suède, on connaît surtout ses albums pour les tout-petits, illustrés par elle-même (comme le reste de son œuvre) : La Ballade de la petite grand-mère (1897), Les Aventures de Peter au pays des myrtilles (1901), La Fête des fleurs (1914) – en tout, une quinzaine. Moins connus sont ses contes pour des lecteurs plus âgés, là aussi, plusieurs recueils, dont beaucoup de vraies merveilles de grâce et de goût.

Liée aux milieux libéraux par sa famille et son éducation, elle épousa un pasteur et vécut dans un environnement pratiquant et conservateur. Elle était ainsi bien placée pour représenter le point d’équilibre dans la pédagogie de son temps. Constamment en retrait, ne prenant jamais part à des débats, elle s’est toujours gardée d’utiliser son art comme arme polémique – tout en y laissant transparaître ses convictions. Son conte ne se pose ni comme un prolongement des manuels de classe, ni comme leur adversaire ou leur alternative. Pour cette mère de six garçons, l’éducation devait avoir lieu avant tout à l’intérieur de la famille et dans les rapports avec d’autres enfants.

Son conte est l’aboutissement du « konstsaga » (conte littéraire) suédois. Chez elle, le genre se trouve débarrassé de son poids idéologique, allégé et comme désinvolte ; son absence d’agressivité, sa gentillesse, sa tolérance témoignent d’un changement dans le statut du genre – désormais il ne s’agit que de le pratiquer en famille, pour l’agrément de ses proches. Les contes d’Elsa Beskow sont des histoires de la chambre d’enfants (barnkammaren), souvent un produit de leurs jeux, et il n’est pas étonnant que la plupart de ses personnages soient des enfants.

Un autre trait propre aux histoires d’Elsa Beskow est sa façon d’y introduire la nature. Qu’elle étudie pour ainsi dire à la loupe : le domaine qui entre ainsi dans son champ visuel est restreint, mais on en aperçoit d’autant mieux le relief. Le petit coin de jardin qui sert de décor à tant de ses histoires, n’est pas une partie de la réalité quotidienne, il ne s’oppose pas à elle, il la remplace – provisoirement, par jeu. Cette nature n’est pas non plus représentée par des images anthropomorphes, elle est anthropomorphe – c’est sur elle que repose en grande partie le « réalisme » du récit, et c’est également elle qui lui fournit une dimension enchantée.

A la différence de ses albums, les contes de Beskow ont été peu traduits – il y reste encore des trésors à découvrir.

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Texte : Elena Balzamo

L'invention du Professeur Génialus

L’invention du Professeur Génialus et autres contes, d’Elsa Beskow, un recueil de douze contes traduits dans le cadre du séminaire de traduction littéraire dirigé par Elena Balzamo.

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